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de l'eau au moulin de la radiesthésie ?
Université de Nice-Sophia Antipolis
(Note juillet 2019 : Egalement à lire la notule "Yves Rocard et la momification de fruits, viandes et poissons" car l'auteur du "signal du sourcier" prétendait également avoir vérifié le pouvoir de momification des magnétiseurs)
En novembre 2003 un lecteur de
l'ouvrage "Devenez
Sorciers, Devenez Savants" (Georges Charpak & Henri
Broch, éd. Odile Jacob 2002) me fait parvenir un courrier
électronique déclarant que
l'expérience de
détection d'eau décrite dans cet ouvrage
était
une "expérimentation simpliste" et, implicitement,
que les travaux du Pr. Rocard qui apportaient la preuve scientifique
de la sourcellerie et de la radiesthésie n'avaient pas
été lus par les auteurs.
Ce type ridicule "d'argumentation " (!) se retrouvant
plusieurs fois sur ce sempiternel et même thème
des
expériences du Pr. Rocard qui seraient méconnues
de la "science officielle", j'ai pensé qu'il
serait intéressant de mettre à disposition du
public
l'échange qui a suivi ainsi que de rappeler quelques
données
d'expériences.
Vous avez dit "Conseiller Scientifique" ?
Yves Rocard a donné
une large assise
à sa théorie du "signal du sourcier" surtout
avec des formulations. Des formulations aussi péremptoires
que : "Des confirmations sont survenues depuis [par
rapport à 1962 et son livre "Le signal du sourcier"],
venant des USA puis de l'Union Soviétique, et personne
n'oserait plus maintenant mettre en doute le fait que c'est un
petit gradient du champ magnétique terrestre qui
déclenche
le signal de la baguette du sourcier" (1).
Bigre, plus personne ne met en doute l'origine du signal de la
baguette du sourcier.
Et c'est ainsi que certaines
personnes, ayant lu ici ou là (ou parcouru en larges
diagonales)
quelques textes de Yves Rocard et très souvent le fameux
"Signal du Sourcier", pensent
(légitimement
?) connaître le sujet et, sans même se renseigner
plus avant pour savoir si les courtes expériences de ce
physicien ont été ou non validées,
font état
de ces dernières comme diamants purs.
Si cela est déjà un peu "limite" pour
une personne en général, cela devient tout
simplement inadmissible de la part
de quelqu'un dont la fonction revendiquée est, apparemment,
d'informer... en science
!
D'où la forme claire et nette de la réponse que
j'ai donnée au courrier ci-dessous et la
nécessité
d'une diffusion large de cette réponse.
Courrier du 10 novembre 2003
de Monsieur ... [nous l'appellerons ici Y] à Henri Broch
(un double est adressé par cette personne
également
à Georges Charpak via les éditions Odile Jacob
Bonjour, Dans "Devenez sorciers, devenez savants" à la page 188 vous mettez en cause, sans le nommer, le professeur Yves Rocard. La lecture de ses écrits vous aurait pourtant montré que loin de "sourcellerie" sa démarche expérimentale était parfaitement rationnelle. Après avoir initialement envisagé un phénomène d'"électro filtration", s'appuyant sur la corrélation d'indications de la fameuse baguette avec de faibles variations du champ magnétique terrestre (mesures effectuées par magnétomètre) il a conclu que la détection portait non sur l'écoulement ou la simple présence d'eau mais très probablement sur les accidents souterrains, failles, fissures ou cavités, susceptibles de favoriser son écoulement ou sa concentration. Constatant ainsi la réalité physique du phénomène, il a alors avancé l'hypothèse selon laquelle certains individus pouvaient avoir conservé une certaine sensibilité au champ magnétique terrestre, sensibilité que manifestent encore nombre d'animaux. Il est évident que lors de l'expérimentation simpliste que vous décrivez, le malheureux sourcier que vous avez piégé ne pouvait rien observer de cohérent. N'avez vous pas été interpellé par le taux élevé de réussites qu'il prétendait avoir obtenu : 98% c'est beaucoup mais quand il n'y en aurait que 50% cela suffirait pour que l'on s'interroge sur la réalité du phénomène. Sûr de son pouvoir l'opérateur en ignorait la cause. En préparation à l'expérimentation c'était à vous scientifique de faire un minimum de bibliographie. Je regrette que Georges Charpak, autorité scientifique indiscutable, dont on apprécie les écrits, ait pu cautionner cette expérimentation que, fort des résultats positifs généralement constatés, les tenants de l'obscurantisme auront beau jeu de contester. Allant à l'encontre du but recherché, vous desservez ainsi la communauté scientifique. Sincères Salutations ... Y |
Je réponds à ce courrier (évidemment avec copie à Georges Charpak et aux éditions Odile Jacob) le jour même, 10 novembre 2003 :
Cher Monsieur Y, En réponse à votre message concernant la sourcellerie et la soi-disant "réalité physique du phénomène" constatée par le Pr. Yves Rocard, je suis assez surpris (c'est un euphémisme, évidemment) qu'un "Conseiller Scientifique" au Commissariat à l'Energie Atomique [cf. note 2019 ci-dessus)] ne se soit même pas donné la toute petite peine de se documenter quelque peu. Sans recherche vraiment pénible, vous auriez alors pu constater qu'il y a belle lurette que les expériences de Yves Rocard ont été démystifiées et qu'elles n'ont AUCUNE valeur scientifique. Vous auriez pu, avant d'écrire votre missive, lire par exemple (mais il y en a d'autres !), le chapitre spécifique entièrement consacré aux expériences du Pr. Rocard dans mon ouvrage "Au Coeur de l'Extra-Ordinaire", ouvrage disponible sans interruption depuis 1991 (il y a même une édition 2002 signalée dans... "Devenez sorciers, devenez savants"). Chaque année, des étudiants de Zététique s'amusent d'ailleurs à refaire l'expérimentation de la "semelle magnétique" de Y. Rocard (avec des dizaines et des dizaines d'expériences, c'est-à-dire beaucoup plus que les quelques unités faites par le Pr. Rocard) et les résultats sont on ne peut plus clairs : le "réflexe sourcier", tant vanté par Y. Rocard, ne s'est JAMAIS manifesté ! (il est vrai que les étudiants conduisent leurs expériences sur le signal du sourcier avec rigueur - exemple : en double aveugle - ce qui n'était pas le cas du Pr. Rocard). In fine, il est assez humoristique de vous voir parler "d'expérimentation simpliste" et de nous demander de faire (je vous cite textuellement)... "un minimum de bibliographie" et je ne manquerai donc pas de citer à mes étudiants ce fabuleux exemple de recherche approfondie d'informations menée par un conseiller scientifique. Au delà du risible de ce type de comportement, le problème de fond que cela pose - eu égard à votre fonction annoncée - ne me fait en rien sourire et confirme, si besoin était, le triste constat sur les croyances au pays de Voltaire et de Condorcet dont nous parlons dans "Devenez sorciers, devenez savants"... dans un chapitre débutant en page 188, c'est-à-dire exactement à la même page que celle que vous citez. Quelle coincidence ! Sincères salutations, Henri Broch |
Huit jours plus tard, par un
courrier en date
du 18 Novembre 2003, M. Y répond :
(avec copie à G. Charpak via les éditions Odile
Jacob)
Cher Monsieur Henri Broch, La virulence de votre réponse élude la question de fond : Votre expérience est-elle ou non significative ? Contrairement à ce que vous insinuez, je connais les textes que vous citez, que l'on trouve d'ailleurs sans peine par une recherche "yves rocard" sur le net. Sans nier le manque de rigueur de certaines de ses expériences, j'estime que Rocard a eu le mérite d'aborder le problème sans à [sic] priori et d'émettre des hypothèses que, de toute évidence, vous n'avez retenues... ou lues. Mais dépassons, s'il vous plait, la polémique Rocard. Je ne crois pas plus que vous à la radiesthésie mais pense que, parfois, le charlatanisme peut masquer des phénomènes physiques bien réels, aux manifestations subtiles. Tel pourrait-être le cas du réflexe " sourcier ". Or qu'avez vous démontré : uniquement que l'écoulement de l'eau n'est pas directement détectable. Comment pouvez vous prétendre que cette expérience effectuée dans des conditions artificielles, hors du contexte géologique, environnemental, structural du terrain permet d'affirmer que ce réflexe "sourcier" n'existe pas. L'hypothèse selon laquelle la détection porte non sur l'écoulement ou la simple présence d'eau, mais sur les accidents souterrains, failles, fissures ou cavités, susceptibles de favoriser son écoulement ou sa concentration mérite que l'on s'y arrête. On ne peut nier les perturbations de la conductivité du sol et du champs magnétique terrestre par ces accidents. Comment pouvez vous l'ignorer... à moins, évidemment, que vous n'en ayez eu connaissance. On en reviendrait alors à ce défaut "de recherche approfondie d'informations" qu'à tord [sic], dans mon cas, vous dénoncez. Certainement de bonne foi, le sourcier ne se serait pas prêté à votre expérience sans être sûr de son pouvoir, pouvoir dont il ignorait la cause. Compte tenu de sa sincérité et du taux élevé de réussites qu'il affiche, je doute que vous l'ayez convaincu. Il poursuivra donc ses recherches avec les commentaires que vous pouvez imaginer concernant les scientifiques... En ce sens votre expérience ne peut que desservir les idées que vous et moi défendons. Ne vous méprenez pas sur ma démarche : Je ne prétends pas que le réflexe " sourcier " existe mais simplement que votre expérience ne démontre pas le contraire. Intéressant, le sujet justifierait une expérience, menée sur le terrain, avec de véritables sourciers ou prétendu tels, adossée à des mesures magnétiques et électriques sophistiquées. On peut imaginer un protocole, en pratique difficile à appliquer. Afin d'aiguiser leur esprit critique je ne doute que vous soumettiez, en ces termes, le problème à vos étudiants. Sincères
salutations |
Voici la réponse que j'ai faite (copie à G. Charpak et O. Jacob), dès le lendemain 19 novembre 2003, à ce "Conseiller Scientifique" qui prétend "connaître les textes cités" :
Cher Monsieur Y, - Il semblerait que vous
ayez lu un peu trop
vite le courrier que je vous ai adressé car, contrairement
à ce que vous affirmez, la question de fond n'est en rien
éludée. Il suffit de lire le contenu de la
référence
citée pour s'en convaincre. - Vous me dites
également que "l'on
trouve d'ailleurs sans peine par une recherche 'yves rocard'
sur le net" ces textes que je cite ; c'est pour moi
une découverte extraordinaire que de savoir que vous
puissiez
ainsi trouver le chapitre de mon livre "Au Coeur de
l'Extra-Ordinaire"
consacré à la radiesthésie et aux
travaux
de Yves Rocard en particulier. - Sans vouloir enfoncer
trop le clou, je vous
rappelle (ou vous apprend) que l'hypothèse
du signal du sourcier du Pr. Rocard n'a rien à voir avec
l'expérience citée dans "Devenez
sorciers..." que nous avons menée dans
le cadre du Défi et qui
- comme cela est clairement indiqué dans le texte - portait
sur les revendications explicites du radiesthésiste en
question, à savoir la "détection d'eau". - Vous dites : "intéressant,
le sujet justifierait une expérience, menée sur
le terrain, avec de véritables sourciers ou
prétendus
tels, adossée à des mesures
magnétiques
et électriques sophistiquées. On peut imaginer
un protocole, en pratique difficile à appliquer". - Plutôt que de
chercher "un protocole
en pratique difficile à appliquer" (je vous cite)
pourquoi ne pas suivre tout simplement les dires du
spécialiste
du sujet (incroyable mais vrai, je cite textuellement le
Pr. Yves Rocard in La
recherche N°156, juin 1984) : Ce qui est encore plus amusant c'est que j'avais évidemment refait aussi cette expérience de nombreuses fois avec de nombreuses personnes et que, quand cela fonctionne, cela fonctionne également avec un clou en... mie de pain ! Sur ce, je termine ce courrier qui, pour ma part et faute de temps à consacrer à ce type de "discussions", mettra un terme à nos sanglots épistolaires réciproques. Sincèrement, Henri Broch |
Où la semelle bat le pavé depuis de longues années
Pour éclairer peut-être mieux le lecteur des lignes précédentes, je voudrais donner deux exemples, parmi d'autres, de résultats obtenus par des étudiants de l'Université de Nice-Sophia Antipolis lors des reproductions de l'expérience sur la "semelle magnétique" de Yves Rocard, semelle dont il est question dans l'échange de courriers ci-dessus et dont manifestement le "conseiller scientifique" ne connaissait pas grand chose (ce qui n'a rien de rédhibitoire sauf que, dans ce cas spécifique, c'est cette personne qui - prétendant connaître quelque chose au sujet et sans faire la plus petite, mais sérieuse, recherche bibliographique sur le thème - est venu nous tancer vertement !).
Cette expérience est décrite par le Pr. Rocard dans sa plaquette "L'homme et le milligaus" 1986 et dans son ouvrage "La Science & les Sourciers" 1989. Une personne (sans chaussure ou avec des chaussures ne comportant aucun clou) se place sur deux semelles de bois dont l'une est une "semelle magnétique" (cf schéma ci-dessous extrait de son propre livre).

Un pendule tenu à la main par la personne est écarté de sa position d'équilibre et oscille rectilignement. Sous l'action du champ magnétique (modifiant, selon Y. Rocard, le tonus musculaire par l'action sur des capteurs magnétiques qui existeraient à l'intérieur du corps humain, ici ceux du talon) créé par le courant électrique circulant dans les spires, le pendule est censé entrer en rotation.
J'avais,
pour ma part, reproduit
(avec des résultats tout à fait
différents)
cette expérience dès la lecture en 1986 de la
plaquette
du Pr. Rocard. Et évidemment le "signal du sourcier"
et les expériences associées étaient
(sont
toujours) traités dans mon cours sur la
méthodologie
scientifique et les phénomènes "paranormaux"
à l'université de Nice-Sophia Antipolis. C'est ce
qui a amené (et amène encore) des
étudiants
à choisir ce sujet comme thème d'étude
pour
le rapport de Zététique qu'ils ont à
rendre
en fin d'année.
Mais pourquoi se "focaliser" sur l'expérience
de la semelle magnétique ?
Les autres types d'expériences ont été
également
refaits (avec des résultats négatifs) mais ils ne
présentent en fait qu'un intérêt
secondaire
puisque l'expérience cruciale est celle de la semelle
magnétique
selon les propres dires du Pr. Rocard. Ce dernier explique en
effet que : "c'est
bien ce capteur-là [le capteur du talon]
qui rend
les sourciers efficaces sur le terrain"
(Y. Rocard, "L'homme et le milligauss").
Le champ-placebo aussi efficace qu'un vrai champ
Une reproduction de l'expérience est l'oeuvre de cinq étudiants de Zététique en SB1 (Sciences Biologiques, 1ère année) il y a une dizaine d'années : Sébastien Pean, Emmanuel Porcaro, Thomas Pringot, Stéphanie Raty et Patricia Wainman. Leur travail de Zététique 1994-95 intitulé "Les Sourciers" présentait les résultats qu'ils ont obtenus en reproduisant fidèlement l'expérience de la semelle magnétique de Yves Rocard. Voici une synthèse de ces résultats (obtenus sur un échantillon plus large que celui de Rocard : vingt personnes testées et dix essais dans chaque cas) :

Le résultat se passe
de tout commentaire
: avec
une chance sur deux
en "répondant" au hasard puisque le courant
n'était
établi que dans 50% des cas, sur 200 essais de
détection
les succès se sont montés à 100 !
Et la distribution des succès en fonction des diverses
personnes testées est également tout à
fait
normale, passant de celui que d'aucuns auraient vite
déclaré
"sujet-psi doué" (2) avec 8 succès sur
10 au pauvre "sujet psi-missing" avec 3 petits succès
sur 10.
On peut noter que, sur les 100
fois où
le champ magnétique était effectivement
établi,
il y eut tout de même 28 réactions
positives.
Est-ce à dire que nous sommes enfin face à des
résultats
mettant clairement en évidence le réflexe
sourcier
? Certes moins répandu que les pourcentages
allégués
par Y. Rocard, mais tout de même important, sinon
impressionnant
?
Hélas, trois fois hélas, les nombres, toujours
aussi
brutalement rationalistes et étriqués, nous font
également remarquer que, lorsque le courant
électrique
n'est pas établi c'est-à-dire
en absence
totale du champ magnétique perturbateur, il y a
également
28% de réactions positives !
En d'autres termes et pour souligner un léger
détail
que le Pr. Rocard semble avoir oublié : que le champ
magnétique
y soit ou non, les gens "réagissent".
"L'homme et le milligauss : La vérité est ailleurs !"
Une autre reproduction (cf.
deuxième partie du tableau de synthèse
précédent) des
expériences
du Pr. Rocard est l'œuvre de deux étudiants -
Valéry
Rousseau et Toufic El Souss - qui ont fait en Maîtrise de
Physique 1998-99 un travail zététique sur le
signal
du sourcier.
Travaillant sur la "semelle magnétique" et testant
- évidemment en double aveugle, pas à la
manière
du Pr. Rocard - 33 personnes (à raison de 6 essais par
personne), ils ont également pris en compte de nombreux
paramètres comme le sens du courant, le fait que la personne
testée soit droitière ou gauchère, le
sexe
de cette personne, le type d'oscillations du pendule (oscillations
parallèles ou transverses), le nombre d'oscillations avant
rotation, le sens de rotation,...
Là encore les résultats se passent quasiment de
commentaire, le pile ou face continuant à bien fonctionner
: 93
succès sur
198 essais !
Sans entrer dans les détails du rapport, je vous livre
la fiche "résumé" que l'étudiant
zététicien et amateur d'X-Files
Valéry
Rousseau avait, avec humour, intitulée fort justement :
"L'homme et le milligauss : La vérité
est
ailleurs !"
Pour consulter cette fiche-résumé,
cliquez ici ---> L'homme et
le milligauss
A titre de petit complément
d'information
sympathique, juste pour vous montrer que les étudiants de
zététique se
débrouillent assez bien et cherchent à
éviter
les failles de protocole (commises par contre par Yves Rocard,
dont les expériences sont pourtant toujours largement
citées
comme preuve "scientifique" de la validité de
la détection des champs magnétiques par l'homme
et de la radiesthésie !),
voici
le schéma du circuit électrique
réalisé
par ce même étudiant V. Rousseau dans son rapport
de Maîtrise.

Vous remarquerez d'abord qu'un
témoin
lumineux (led, diode électroluminescente) situé
près de la pile permet de s'assurer que le bouton poussoir
est bien actionné. En effet la durée d'un test
est
d'environ une minute et il arrive qu'au bout d'une vingtaine de
secondes la pression sur le bouton poussoir soit inconsciemment
diminuée (ce qui peut avoir pour effet de couper le courant
sans que l'expérimentateur s'en rende
compte). Le
témoin lumineux permet donc de vérifier que
l'appui
est suffisamment fort pendant toute la durée du test.
Mais vous remarquerez surtout que la commande du champ
magnétique
nécessite, en plus du bouton poussoir, l'enclenchement
d'un interrupteur (ce dernier - situé ici sur le
schéma
à côté de la résistance
réglable
- n'est pas visible lorsque
l'expérimentateur tient
la poignée de commande). Lorsque l'interrupteur est en
position fermée, le courant passera quand le bouton poussoir
sera actionné et le champ magnétique sera alors
créé et la diode allumée. Mais lorsque l'interrupteur est
en position
ouverte (comme
sur le schéma), à l'action du bouton poussoir
il n'y aura aucun courant circulant dans les spires
de
la bobine donc aucun champ magnétique
créé
mais, par contre, une diode toujours allumée. Astucieux, non ?
De mauvais sourciers ?
On nous reproche quelquefois de n'avoir eu à faire lors de tests et d'expériences qu'à de "mauvais" sourciers et, dans le même temps, on nous met avec hargne sous le nez les "preuves" de Rocard. Quelle incohérence !
Inutile en effet de chercher des
cobayes spécifiques
ou des sujets-psi particulièrement étonnants ou
des sourciers (se prétendant) chevronnés. Foin de
tout cela ! Il suffit de tirer au hasard dans la population
française
et nous aurons (selon Rocard) nécessairement de bons sujets
dans notre échantillon, puisque :
"... j'ai notamment insisté sur le fait que dans
l'ensemble de la population, on constate qu'au moins les 2/3 ou les
3/4 des sujets sont sensibles
au signal. Sur 53 millions de
français,
il y en a donc 30 à 40 millions qui réagissent et
possèdent, en général sans s'en
douter, ce
sixième sens qui consiste à découvrir
les
zones sourcières, lesquelles sont finalement des zones
où le champ magnétique présente une
petite
anomalie venant s'ajouter au champ terrestre." (Y. Rocard, Agressologie).
Et l'auteur écrit également dans cet article que
"60
à 80%
des sujets se révèlent sensibles" ; il conservera cette valeur haute de 80% par la
suite
Quelle est la probabilité pour que, avec la proportion de sujets sensibles alléguée par Y. Rocard dans la population, nous n'aurions eu, par le plus miraculeux des hasards (N.B.: je rappelle aux mauvaises langues potentielles que nous n'avons ni choisi ni sélectionné les sujets ; ce sont eux, par exemple dans le cadre du Prix-Défi de 200.000 euros qui se sont proposés), que des sujets insensibles lors de toutes nos expériences ?
Je ne voudrais pas paraître trop méchant pour certains mais, même en prenant la valeur la plus basse - 2/3 soit 67% - donnée par Y. Rocard pour la proportion de ceux que j'appellerai les "magnétosensitifs", un simple petit calcul statistique montre que l'on a beaucoup beaucoup beaucoup plus de chance de gagner le gros lot du Loto en jouant une seule grille que de se trouver dans ce cas de figure de sujets majoritairement insensibles !
L'ouvrage "La Science
et les Sourciers"
publié chez Dunod en 1989 par le Pr. Rocard est le
livre qui est censé faire le point définitif sur
la question et prouver que le réflexe sourcier existe.
C'est le petit livre de Mao des tenants de la sourcellerie et
de la radiesthésie. Mais on peut légitimement se
poser la question : l'ont-ils sérieusement lu ? Je me
permets
de renvoyer le lecteur au chapitre entier consacré
à
la radiesthésie (et à la sourcellerie) dans mon
ouvrage "Au Coeur de l'extra-Ordinaire" (3) et
à ce que j'y écrivais en 1991 sur les travaux de
Yves Rocard :
"Assénant au lecteur quelques formules,
traçant
quelques graphes et schémas d'expériences,
l'auteur
désirerait asseoir la crédibilité de
son
ouvrage sur des bases scientifiques mais il faut ici être
clair : tout n'est que tape-à-l'oeil. Aucune
expérience
n'est concluante. Et encore le clinquant n'est-il pas très
clinquant ! L'examen de l'ensemble nous fait découvrir
le triptyque sur lequel tout repose."
Les pages que j'avais alors consacrées
à ce
sujet montraient ainsi que
le triptyque-socle des travaux du Pr. Yves Rocard
était
composé de : naïveté, mauvaise
foi et
force de la croyance.
Il semblerait que les éclaircissements apportés alors n'aient pas connu une diffusion bien large et le mythe du "signal du sourcier" continue...
Henri BROCH
Notes :
(1) Yves ROCARD, "Le réflexe sourcier,
son intérêt
médical", Agressologie, tome 22 N° A,
1981,
1-15).
Merci à Laurent PUECH pour l'envoi du numéro de
cette revue.
(2) La probabilité que sur 10 tirages (ayant chacun 1 chance sur 2 de réussir) une personne obtienne 8 succès ou plus est d'environ 5,5 chances sur 100. Autrement dit, sur 20 personnes on pouvait légitimement s'attendre à en avoir 20 x 5,5.10exp-2, c'est-à-dire une qui obtienne au moins 8 succès. C'est le cas ! Et le "magnétisme" de cette personne n'y est pour rien (une expérience complémentaire sur cette même personne le conclue bien vite)
(3) Pour les lecteurs cherchant toujours de l'information,
mon pendule fétiche m'a indiqué une source
possible
: Henri BROCH, "Au Coeur de l'Extra-ordinaire",
publié en 1991. Nouvelle édition 2002
disponible
aux éditions book-e-book.com.
Cf. le chapitre spécifique consacré
à
la radiesthésie en pages 235 à 247.
- Les étudiants de l'ENSHM de Grenoble ayant refait en
1992-93 les expériences du "Signal du sourcier"
étaient F. Vidalie, F. Gurniki, R. Houot, A. Labrosse,
P. Picot, élèves de 1ère
année encadrés
par M. Baudoin Lismonde, enseignant dans cette école
supérieure.
- Note juillet 2019 : Egalement à lire la notule "Yves Rocard et la momification de fruits, viandes et poissons" car l'auteur du "signal du sourcier" prétendait également avoir vérifié le pouvoir de momification des magnétiseurs.
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