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Cook ou Peary ? Ou aucun des deux ?
Préambule
Il s'agit de la
controverse née
de la déclaration du médecin Frederick Cook du
1er
septembre 1909 selon laquelle il aurait atteint le pôle
Nord le 21 avril 1908 ; déclaration suivie, quelques jours
plus tard (le 6 septembre) de celle de l'ingénieur Robert
Edwin Peary qui affirmait avoir le premier atteint le pôle
le 5-6 avril 1909.
Le 8 avril, Peary, sans avoir parlé à Cook, et
sans
qu'il ait pu avoir eu connaissance de son récit, envoie
un premier télégramme à l'United
Press, disant
: "Le récit de Cook ne devrait pas être
pris
trop au sérieux" et un second message au New York
Times : "Il n'a pas été au
pôle le
21 avril 1908, ou à aucun autre moment. Il a simplement
mystifié le public".
Frederick
A. Cook
En un style
quelque peu différent,
Cook avait déclaré, parlant de l'exploit de Peary
: "C'est une bonne nouvelle. J'espère que Peary
est arrivé au pôle. Ses observations et
compte-rendus
concernant cette région vont confirmer les miens".
Également au N. Y. Herald : "Ayez
l'amabilité
de transmettre à Mr Peary mes chaleureuses
félicitations
pour sa réussite".
Les deux messages de Peary à la presse ont eu un effet
domino dont Peary n'a sans doute pas réalisé
qu'il
aurait, en fin de parcours, des conséquences dignes d'un
tsunami médiatique, tant vis-à-vis de Cook, que,
par un retour de manivelle, vis-à-vis de lui-même.
Les relations se sont rapidement envenimées entre ces deux
"prétendants" et particulièrement entre
leurs partisans respectifs qui, quelque 93 ans plus tard, se font
toujours les défenseurs inconditionnels de leur idole.

Frederick Cook
Robert Edwin Peary
Les documents de base permettant d'objectiver les arguments des deux camps sont pour l'essentiel les récits faits par chacun de ces deux explorateurs américains : en 1910, le livre de Peary "The North Pole" (Le pôle Nord) et en 1911 celui de Cook "My attainment of the Pole" (J'ai atteint le pôle), tous deux réédités en 2001. Ceux-ci et d'autres ouvrages (voir fin d'article) permettent de se faire une idée de l'état d'esprit des deux adversaires, de connaître certains faits occultés par eux, également des déclarations non reprises dans les deux récits "princeps" et enfin de percevoir l'ambiance dans laquelle a baigné la polémique.

Robert Edwin Peary
Le récent livre de Robert Bryce (RB-1997, voir plus bas la rubrique Bibliographie) est la source monumentale traitant des documents originaux relatifs à cette controverse. Avec ses 1133 pages et ses 2040 références d'ouvrages essentiels publiés, d'articles parfois importants mais dénichés dans d'obscurs journaux ou revues de "province", de documents manuscrits des deux principaux protagonistes de la controverse mais jamais publiés, et également à ceux d'acteurs secondaires, il a accompli un travail gigantesque. Son ouvrage est dès lors incontournable pour quiconque veut s'intéresser d'un peu plus près à ce combat de géants. Mais comme le site Web Tripod le décrit plaisamment, c'est "un rêve de chercheur... et un cauchemar de lecteur" par l'étendue et la densité des informations. Fort heureusement, un index très complet permet au lecteur-documentaliste de ne pas se noyer.
Le réseau Internet s'est avéré un
forum actif
pour ce débat et pas moins de 3120 documents
étaient
listés ces jours-ci (mars 2002) à la suite d'une
recherche (via le serveur Google) centrée sur les noms
Peary + Cook.
Je confesse qu'il n'est pas simple d'objectiver son opinion. En
effet, certains ouvrages laissent percoler une impression de sympathie
pour l'un et d'aversion pour l'autre et en travestissent ou en
sélectionnent les faits. Je me suis dès lors
limité
aux ouvrages qui paraissaient avoir un caractère acceptable
d'objectivité. Mais même en 1909-10, le champ de
la controverse s'était déjà
considérablement
élargi avant même que le récit complet
de
l'un ou de l'autre ait paru.
La question
Le problème
posé par cette controverse
est simple dans sa définition. Ou bien
Cook et Peary
ont tous les deux atteint le pôle, ou bien Cook mais non
Peary, ou bien Peary mais non Cook, ou bien encore aucun des deux.
Ceci avec un détail d'importance. Cook aurait atteint le
pôle en 1908 et Peary n'ayant fait sa tentative qu'en 1909,
Cook aurait automatiquement été le premier. Ce
qui
aurait eu des effets financiers et moraux désastreux pour
Peary et aurait été un revers pour
l'establishment
US et pour les organes de presse (notamment la National Geographic
Society, une maison d'édition dont le rôle a
été
plus qu'équivoque dans cette saga, et pour le journal New
York Times) qui avaient misé très gros sur Peary.
Sans vouloir faire le récit des deux explorations, il n'est
pas sans intérêt pour la compréhension
du
cheminement de la polémique de brosser les grandes lignes
du déroulement de certains des
événements.
Concernant Cook
En 1905, Cook s'était
lié de
sympathie avec John R. Bradley, homme très
fortuné
et chasseur à l'esprit aventureux et qui projetait une
expédition de chasse dans le Grand Nord. Cook
réussit
à persuader Bradley de contribuer au financement de son
expédition au pôle Nord.
Cook possédait une expérience d'hivernage polaire
antarctique. D'origine allemande, Cook, né en 1865, a fait
des études de médecine et c'est en
qualité
de médecin qu'il participe avec brio au sauvetage de la
mission de la Belgica dirigée par Adrien de Gerlache lors
du premier et très rude hivernage antarctique (1898-99).
Roald Amundsen, le futur découvreur du pôle Sud,
et grand admirateur de Cook faisait également partie de
la mission. Le docteur Cook avait également
accompagné
Peary lors de son expédition de 1901.

Roald Amundsen
Le 3 juillet 1907 le navire le Bradley fait route vers le nord.
Au cours d'une des escales, Cook rencontre Knud Rasmussen, un
demi-esquimau, futur explorateur des régions polaires.
Après plusieurs avaries, le Bradley atteint Annoatok
où
Cook débarque son matériel. Il propose alors
à
Franke, son co-équipier, de l'accompagner vers le
pôle,
ce que ce dernier accepte, Annoatok (Anoritooq, 78°33'N et
72°30'W) devient la base de Cook en vue de ses explorations
et de l'assaut final du pôle.
La préparation de l'équipement a
été
affinée. Cook avait prévu un traîneau
spécial
sur lequel une tente pouvait facilement être
dressée.
Malgré la facilité de son montage, mais parce que
trop froide, Cook préféra l'igloo de neige qui
assurait
une parfaite protection.
Les arguments de l'impréparation de Cook et de la
légèreté
numérique de son équipe de pointe ne paraissent
pas fondés lorsque l'on sait comment il a abordé
avec intelligence et efficacité les problèmes
techniques
et logistiques liés à son raid.
Avec l'aide de son frère, il avait mis au point un
modèle
de traîneau léger, résistant et
performant.
Mais c'est à Annoatok que ses traîneaux ont
été
fabriqués par lui à l'aide de bois
sélectionnés
par son frère. L'écartement entre patins avait
été
standardisé de manière à ce que les
traîneaux
progressent dans les mêmes traces.
Le pemmican avait également été
préparé
à Annoatok par Cook, aidé de Franke, selon une
technique
qu'il avait mise au point; ce qui lui a évité les
inconvénients subis par l'équipe Peary et qui ont
rendu malades certains des participants dont le Dr Goodsell
lui-même.
Il s'agissait de l'excès de formaldéhyde
utilisé
comme conservateur, de même que la présence
accidentelle
de débris de verre ; également l'excès
d'eau
devenue glace qu'ils ont du grignoter avec les dents par suite
de l'insuffisance de combustible pour la dégeler (JG, voir
ci-dessous rubrique Bibliographie).
Comme Amundsen, c'est à skis que Cook accompagnait son traîneau en le précédant. Ceci allégeait la charge à tirer par les chiens, et lui permettait de passer les surfaces d'eau libre sur des glaces de regel plus récentes et donc avec moins d'attente. En effet, le poids d'un marcheur en bottes ou sur son traîneau est moins réparti que sur des skis. Les traîneaux pouvaient se transformer en embarcation grâce à une bâche taillée à cet effet. Certains Esquimaux marchaient sur la glace récente à quatre pattes et sur les genoux ; une manière de répartir le poids en six points.
Aux U.S.A. les
opinions étaient
divisées quant à la possibilité pour
Cook
de réussir son raid vers le pôle.
Deux exemples typiques : d'une part, Bridgemann, secrétaire
du Peary Arctic Club et directeur du journal Standard Union disait:
"He can't" (Il ne peut pas). Par contre Bradley, qui
avait vu Cook à l'oeuvre et qui lui avait laissé
tout l'équipement requis, avait confiance en sa
réussite.
Ces deux points de vue étaient le reflet de visions
stratégiques
entièrement différentes. Le clan Peary concevait
l'expédition avec son propre navire comme base
avancée,
avec de nombreux participants et de très gros moyens "A
l'américaine", tandis que Cook avait fondé
son projet sur ce que j'appellerais le "Nécessaire
mais suffisant", bien étudié, solide, efficace
et dès lors plus léger en matériel,
mais
également en nombre d'accompagnants et donc en poids de
nourriture et de combustible.
Néanmoins, fin février 1908, Cook se mit en route
avec 11 traîneaux et un total de 103 chiens. Le nombre
élevé
de chiens de toute expédition arctique de
l'époque
était déterminé par plusieurs
facteurs :
* 1) les charges incluaient la
nourriture et
autres, à laisser dans les dépôts
qui seraient visités au retour
* 2) de nombreux chiens devenaient de manière
irréversible
boiteux ou malades,
* 3) au retour, le poids des charges (nourriture) ayant
diminué,
le nombre initial
de chiens n'était plus nécessaire et ils
étaient
abattus pour nourrir les chiens
restants et les participants au raid (JG, p 117> 127, voir
ci-dessous Bibliographie).
L'idée était de chasser ce qu'ils rencontreraient en Terre d'Ellesmere (ours, phoque, morse, buf musqué, lièvre,...) avant d'atteindre l'Océan Glacial Arctique.
C'est à ce moment que Cook se sépara de Franke qui retourna à Annoatok. Plus tard, le 5 mai, tous les Esquimaux qui accompagnaient Cook étaient rentrés à la base ; hormis deux d'entre eux, Etukishuk et Ahwelah que Cook comptait emmener au pôle. Entre-temps, Peary était arrivé dans la région et, sans s'étouffer de scrupules, avait "confisqué" les provisions de nourriture que Cook avait constituées à Annoatok pour son retour et son éventuel hivernage, de même que son stock commercialisable de fourrures de renard.
Un an plus tard, Harry Whitney
que Peary avait
installé dans la cabane de Cook vit arriver Cook et ses
deux compagnons, affamés, amaigris et extrêmement
sales. Cook avait les cheveux jusqu'aux épaules, comme
un Esquimau. Détail technique : par grand froid, les
Esquimaux
rabattaient leurs cheveux devant l'ouverture de leur capuches
; ce qui diminuait un peu l'impact du vent.
Cook avait entrepris son raid sur l'Océan Arctique depuis
le Cap Svartevoeg sur la côte nord de l'île Axel
Heiberg
et avait, selon ses dires, atteint le pôle. En revenant,
il avait trouvé une banquise par trop
désagrégée.
Contraint et forcé, il avait modifié son
itinéraire
et avait dû hiverner sur la côte nord de l'Ile
Devon,
au Cap Sparbo, dans des conditions extrêmement dures : "un
des plus prodigieux exploits de l'histoire polaire" selon
Jean Malaurie (JM, voir ci-dessous rubrique Bibliographie).
Le retour de Cook : commentaires et impressions
L'argent ne paraissait pas faire
partie des
préoccupations premières de Cook. A son retour il
n'a en effet demandé à James Gordon Bennett,
patron
du New York Herald, que 3.000 $ pour son article, au lieu des
dizaines de milliers de dollars qu'il eut pu exiger. Les
"témoins
de moralité" et/ou de compétence
étaient
nombreux. Parmi ceux-ci, le Dr Dedrick, médecin de Peary,
l'explorateur Scott, également Dillon Wallace qualifiant
Cook d'homme d'une extrême fiabilité. Et John
Bradley
: "il n'y a pas d'homme qui dépasse Cook en
courage,
en qualité de jugement et en
persévérance".
Roald Amundsen, indéfectible dans son amitié pour
Cook n'était pas moins admiratif. Et enfin Franke qui
l'avait
côtoyé pendant des mois, pensait que Cook tenait
sa parole et prouvait ce qu'il disait.
Toutefois, le Pr McMillan a résumé la situation
en disant : "La crédibilité du rapport
de
Cook repose sur sa personnalité en temps qu'être
humain, ensemble avec la cohérence interne et externe de
son rapport lui-même". (RB, voir ci-dessous
rubrique
Biliographie)
Quatorze années
auparavant, après
avoir quitté le navire dérivant Fram, prisonnier
de la banquise, Nansen et Johansen étaient
arrivés
le 8 avril 1895 au 86° 13' 6" (soit à 419 km du
pôle) ; personne ne s'en était jamais autant
approché
(FN p 226, voir ci-dessous rubrique Bibliographie). Point dont
Nansen dit :"j'ai la conviction que nous ne pourrons
atteindre le pôle ou son voisinage immédiat : la
banquise est trop accidentée et nos chiens trop faibles
!" Or Cook lisait toujours très
attentivement
les récits des autres explorateurs, D'aucuns ont
dès
lors suggéré que Cook aurait pu s'inspirer du
récit
de Nansen et extrapoler dans le même sens. Or cette phrase
est précisément le contraire de la description
faite
par Cook à son retour. Ce qui pourrait conforter
l'idée
que Cook avait dû s'approcher encore plus du pôle
que Nansen. Soit dit en passant, l'amiral Byrd avait trouvé
à l'inverse la banquise très
accidentée de
hummocks près du pôle. Il en va de même
pour
Amundsen.
Malaurie souligne que Cook a décrit le pôle
"exactement
comme il était", c'est-à-dire une banquise
toujours plus unie au delà du 88°. Ce qui n'est pas
toujours vrai : d'une année à l'autre
"l'orographie"
du pack paraît être fort variable.
Une chose est sure et certaine, Cook ne pouvait savoir à
l'avance si le pôle n'était pas une montagne, un
volcan, une simple île, un chaos de hummocks, une mer,...
Un argument contre Cook est celui du "témoignage"
de ses deux Inuits, Etukishuk et Ahwelah qui, selon le rapport
de Peary présenté à la presse par le
Peary
Arctic Club (sic), auraient déclaré que Cook
n'avait
jamais été au pôle et, de
surcroît,
qu'il n'avait jamais perdu la terre de vue.
Le docteur Goodsell, médecin de l'expédition
Peary
affirme que Peary lui a refusé l'autorisation de questionner
les deux compagnons de Cook et que Peary avait lui-même
constitué un "comité" pour les interroger
(JG, voir ci-dessous Bibliographie). Le site web "Tripod"
ajoute que George Borup, en charge de les interroger ne
maîtrisait
pas la langue des Inuits, que Henson, le seul en dehors de Goodsell
à parler cette langue, n'était pas
présent
mais a pourtant signé le rapport ; et qu'enfin Peary
n'était
pas présent mais l'a également
approuvé.
Knud Rasmussen (à demi-esquimau) n'a pas rencontré les deux compagnons de Cook, mais a interrogé (en 1909) de nombreux Esquimaux (parents et amis) qui s'étaient entretenus avec ceux-ci et ils avaient confirmé en détail le récit de Cook. A l'inverse, Sir Wally Herbert (WH, p 332 > 8, voir ci-dessou, Bibliographie) cite le fait qu'il a bien connu Inuutersuaq, qui avait été en relation directe avec Etukishuk et Ahwelah, et qui contredit le récit de Cook. Le témoignage d'Inuutersuaq a été publié par des voies un peu tortueuses. Le récit fait en langue inughit a été traduit en danois, adapté, traduit en anglais et publié en 1984.

Knud Rasmussen
Des critiques ont fait la remarque que Sir Wally était partie prenante dans cette affaire et donc un juge partial (RB, p 760, voir ci-dessous Bibliographie). Peut-être, mais lui au moins a pu fournir des preuves valides du fait qu'il était le premier à avoir le 5 avril 1969 atteint le pôle Nord en traîneau à chiens.
Concernant Peary
A l'inverse, ce que Peary avait
à gagner
et surtout à ne pas perdre, s'il arrivait le premier au
pôle était bien évidemment la gloire
dont
il avait un besoin constant comme de pain; ensuite le fait de
ne pas devoir, parmi d'autres, rembourser 4000 dollars (en 2002
= 80.000 US$) dus au journal le New York Times s'il n'était
pas le premier à arriver au pôle, de plus un
énorme
manque à gagner et enfin l'heureux aboutissement de plus
de dix années d'explorations polaires et de vaines
tentatives
menées avec le courage, la
persévérance et
la volonté de quelqu'un qui en avait fait sa raison de
vivre.
Peary considérait que l'expédition de 1909 serait
le now or never. Il avait auparavant
mené plusieurs
expéditions avec d'abord l'objectif de reconnaître
l'extrême nord du Groenland et ensuite celui d'atteindre
le pôle Nord.
D'abord en 1886,
il effectue un raid à l'intérieur des terres
groenlandaises
(côte ouest).
En 1891-1892 il hiverne dans le
Golfe d'Inglefield
(près de l'actuel Siorapaluk
77°48'N-70°41'W) avec
parmi d'autres Ms Peary, Matt Henson (le dévoué
serviteur noir de Peary), Eivind Astrup, John Verhoeff, et Cook
comme médecin. L'objectif était de
pénétrer
l'inlandsis le plus loin possible vers le nord-est. En un
périple
de 2000 km en traîneau à chiens, il atteint
Independance
Bay. Il affirme l'insularité du Groenland. Il a eu raison
mais pour le mauvais motif. Il découvre un fjord qu'il
pense être un chenal et qui, en fait, n'existe pas un ;
et le Groenland se poursuivant encore sur 150 km vers l'est.
Suivent ensuite plusieurs expéditions essentiellement
centrées
sur l'objectif pôle Nord.
Successivement il explore la calotte glacée de
l'île
d'Ellesmere et il prépare une série de
dépôts
le long de sa probable route vers le pôle.
En 1806, le 6 mars, il s'aventure
sur la banquise
de l'Océan Arctique et après un hivernage sur le
Roosevelt pris dans les glaces au Cap Sheridan, quitte la terre
à la Pointe Moss pour un raid en direction du pôle
accompagné entr'autres de Bartlett, Henson, Marvin, Clark.
Vingt jours plus tard, il est arrêté net par un
énorme
chenal d'eau libre (84°38'N). Il a parcouru 10 km par
étape.

Le 2 avril, les cinq Blancs du raid avaient été
renvoyés à terre et il ne garde que Henson et les
Esquimaux.
Il dit avoir ensuite réussi à traverser le chenal
et s'être dirigé vers le nord où il
aurait
atteint la latitude de 87°06'N le 21 avril.
Peary fait alors demi-tour et arrive à terre au Cap
Newmeyer,
après un périple calculé par Hall
comme étant
de 907 km (compte tenu notamment de la dérive de la
banquise)
et effectué en 26 jours, alors que Clark avait mis
également
26 jours pour arriver au même Cap Newmeyer après
seulement 181 km de route (TH, p 289, voir ci-dessous Bibliographie).
Ce qui, dans le cas de Peary ferait 35 km chaque jour. Cela
paraît
peu vraisemblable. L'intégralité des calculs et
de l'argumentation concernant la vitesse de Peary représente
75 pages du livre de Hall.
A titre de comparaison : Peary avait fait 10 km/jour avant
l'épisode
du grand chenal. Des distances moyennes parcourues par jour par
les divers grands voyageurs arctiques dont nous avons les
éléments
chiffrés sont, pour Parry 9,2 km, Nansen 9,6 km, Cagni
15 km; et pour McClintock, le grand spécialiste
particulièrement
rapide de l'époque : 21 km (TH, voir ci-dessous;
Bibliographie).
En 1908-9, le point
vulnérable du récit
de Peary est son "Carnet de bord" et ce qui en découle,
c'est-à-dire une fois de plus, l'impossibilité
d'avoir
parcouru quotidiennement de telles distances. Le noeud de la
controverse
tourne autour du point observé, 87°47'N. De quoi
s'agit-il
?
Peary (voir RP, chap. XXIII à XXXIV, voir ci-dessous
Biliographie)
est parti du Cap Columbia le 1er mars 1909 avec un train de
traîneaux
et de participants dont Henson, Bartlett, le Dr Goodsell, McMillan
et plusieurs Esquimaux. Rapidement, il est arrêté
durant 6 jours à la latitude 83°53'N par un
très
important chenal et cela jusqu'au 11. Il attendait Marvin et Borup
et leurs hommes qui devaient apporter le combustible manquant.
Enfin ils arrivent. Goodsell retourne à terre puis Borup.
Il restait douze hommes, dix traîneaux et quatre-vingt
chiens.
Marvin, à son tour, retourne à terre avec un
traîneau
et 17 chiens, non sans avoir fait un point observé :
86°38'N.
Peary ne faisait pas lui-même le point pour ne pas fatiguer
ses yeux et de manière à avoir des mesures
indépendantes
de lui. Marvin devait disparaître dans un chenal, mais selon
une autre version, ses deux Esquimaux l'auraient assassiné.
Peu de jours après, Bartlett, capitaine de navire et donc
parfaitement expérimenté, fait ce point
observé
de 87°47'N où se situe le camp qui portera son nom.
Bartlett retourne non sans regret. Peary se retrouve avec Henson,
quatre Esquimaux, cinq traîneaux, quarante chiens.

Voyons maintenant ce qui s'est passé entre la latitude 87°47'N (le Camp Bartlett) et la latitude extrême "atteinte" soit 89°57'N, le Camp Jessup au pôle même.
L'aller représente 130 nautiques ; Peary a circulé autour du pôle sur 41 milles terrestres selon les uns et 36 (ou 31' = minutes de degré de latitude = nautiques = milles marins) selon les autres. Retour : 130 nautiques. Total : 130' + 130' + 31' = 291' ; 291'x 1.852 m. = 539 km en huit jours. N'y ajoutons pas les 30 % habituels pour les détours mais seulement 20 %: une hypothèse favorable à Peary, soit 647 km ou une moyenne de 81 km/jour pendant huit jours; avec notamment 130' soit 145 km de route par jour pendant deux jours. N'oublions pas que Peary n'avait plus que deux petits orteils, qu'il était habillé de lourdes fourrures et enfin, qu'il avait 53 ans, ce qui à l'époque était relativement âgé pour un explorateur polaire.
Il est vrai que lors de la
Finmark Race (une
sorte d'Itidarod norvégienne de 1000 km que j'ai suivie
sur 600 km) la vitesse est de 200 km/jour. Mais, primo il s'agit
d'une course de 6 jours avec un jour de repos au milieu ; secundo
il s'agit d'un parcours où des vitesses de 12,5 km/h peuvent
être soutenues durant 16 heures (4 heures de course + 1
h de repos et cela quatre fois, soit vingt heures ; plus quatre
heures de repos), car il s'agit de chiens savamment
sélectionnés
et hyper-entrainés durant des mois.
Sir Wally Herbert m'écrivait (09.12.2001) à ce
propos
: "Sure, there are always going to be a few
travellers
who will claim to have done a comparable distance in one day;
but it is pointless to compare one's best day's travel against
Peary's average" (Bien sûr qu'il y aura
des
randonneurs qui vont prétendre avoir
réalisé
des distances comparables en un jour ; mais il est absurde de
comparer sa meilleure performance d'un jour à la moyenne
de Peary).
Un autre explorateur, Shackleton a parcouru 25,2' soit 46,7 km (mesurés par un compteur à roue) pendant un seul jour ; avec un traîneau à chiens chargé seulement de 32 kg, avec le vent dans le dos, avec une voile, sur la terre ferme du continent antarctique et de surcroît en descendant d'altitude. Donc sans charge importante, sans hummocks, sans chenaux. Ce fut son record !
Le reste du retour, du camp Bartlett au Cap Columbia, soit 413' dont on soustrait les 130' des dernières étapes nous donnent 283'. Ajoutons 30 % de détours; soit 368' convertis en km donnent 682; soit 57 km par jour pendant 12 jours faisant suite aux 81 km/jour durant huit jours. Les critiques de Peary - et ils sont nombreux -, n'ont pas manqué de souligner que des records de vitesse ont été pulvérisés à partir du moment où Bartlett a quitté l'équipe, ne laissant avec Peary que les Esquimaux, incapables d'évaluer le point et les distances, et également Henson son très fidèle serviteur noir. Ces mêmes critiques ont également souligné le fait surprenant qu'à partir du retour, il n'a pratiquement plus jamais adressé la parole à Henson.
H. Lewin, dans son ouvrage cité par Hall (TH, p 77, voir ci-dessous, Bibliographie) comme étant "a very intelligently written book"(?), parvient aux chiffres suivants : la distance en droite ligne du pôle au Cap Columbia était de 475 milles terrestres, plus 100 du Cap Columbia au Cap Sheridan (le Roosevelt), plus 10 % pour les détours, plus 30 % pour la dérive, en 18 étapes soit 37,5 milles par étape. J'avoue avoir tourné ces calculs dans tous les sens et ne suis arrivé à aucun résultat concordant. L'ennui est que certains auteurs utilisent successivement milles terrestres (1609 m) ou milles nautiques (1852 m) ou "route milles" (la distance réellement parcourue) sans préciser clairement quand.

Hayes (GH, p 148, voir
ci-dessous, Bibliographie)
souligne le fait que Peary, dans sa déclaration publique,
a occulté les 30 % qu'il aurait dû ajouter
à
sa route théorique que sont les minutes de latitude. Cette
omission aurait pu rendre son récit un peu moins
invraisemblable
en diminuant la distance prétendument parcourue. Chose
curieuse, Peary admettait avant 1906 avoir habituellement
ajouté
25 % à sa route théorique.
Peary, selon ses propres déclarations devant la commission
du Congrès des U.S.A,. n'a pas fait de point
observé,
hormis le fameux 87° 47', mais bien des points
estimés
et est parvenu à retourner à sa base de
départ
alors qu'il n'avait que la boussole dont il ne pouvait
évidemment
pas connaître la déclinaison. A ce propos, le Dr
John Goodsell confirme avoir constaté plusieurs fois que
les points cités avec précision par Peary
n'étaient
en fait que des points estimés et non observés.
Goodsell qui notait tout scrupuleusement ne mentionne aucune
observation
"scientifique" (entendez "avec un sextant")
pour déterminer la position (JG, voir ci-dessous la
Bibliographie).
Le tracé du raid de Peary est très
dérangeant.
Que sur un aussi long parcours, avec la dérive de la
banquise,
l'obligation de faire parfois des détours importants
(à
cause des hummocks et des chenaux d'eau libre), l'aller et le
retour soient totalement rectilignes parait une fois de plus surprenant.
Eléments de la logistique et de l'organisation
L'organisation d'une journée implique de décharger les traîneaux, de préparer la nourriture, ne serait-ce que de la réchauffer (encore que !) puisqu'à l'arrivée à l'étape, elle se trouve à la température ambiante soit à - 30 ou - 40° C. Il faut également nourrir les chiens. Il faut construire un igloo (de l'ordre d'une heure de temps), déballer les sacs de couchage ; brosser les vêtements pour les débarrasser du givre (une heure). Egalement faire le point, observé ou à l'estime. Sans doute réparer l'un ou l'autre vêtement, botte, traîneau, harnachement de chien ; et, bien évidemment, dormir. A titre d'exemple, le 4 mars 2002 (voir cette page) il a fallu trois heures à Alain Hubert et Dixie Dansercoer pour lever le camp (sans chiens !).

L'auteur préparant des blocs de neige
Parcourir une distance sur le pack implique de diriger les chiens dans telle ou telle direction , et donc de souvent les réorienter, ce qui prend du temps. Il faut escalader les hummocks (les crêtes de compression), contourner les "leads" (terme anglais pour les chenaux d'eau libre) ou attendre qu'ils regèlent, il faut compenser la dérive et les erreurs de navigation. Avec les chiens attelés selon la méthode inuite, c'est-à-dire en éventail (contrastant avec la méthode norvégienne ou canadienne continentale, des chiens par paires et en file), on est obligé toutes les deux heures de démêler la tresse des dix à quinze lignes-laisses qui lient les chiens au traîneau, soit un quart d'heure de perdu.

La méthode inuit

La méthode norvégienne en bandeau
L'explication par un Inuit de la pratique de l'éventail, qui au prime abord m'a semblée absurde, est la suivante. Sur l'Inlandsis il y a un réel danger de crevasses profondes et sur le pack, il y a celui des chenaux.

Passage en 1997 d'une fracture ressoudée ; en arrière-plan, une barrière d'hummocks
Des chiens attachés en file indienne peuvent être entraînés l'un derrière l'autre dans ces deux pièges. Avec l'éventail, chaque chien est indépendant de l'autre. Si un chien tombe, il n'entraîne pas les autres. Bref, on ne se trouve pas dans les conditions de parcourir sur le pack, si ce n'est exceptionnellement, plus de 20 à 25 km par jour.
Importantes réflexions concernant le point observé ou le point estimé
Il est
raisonnable de s'interroger sur
la manière dont Cook et Peary ont pu progresser et revenir
à l'aide de la seule boussole sans en connaître la
déclinaison.
Il est exact que le vent, et dès lors l'orientation des
sastrugis, permettent de garder une approximation de cap (WH,
p 271, voir ci-dessous, Bibliographie). C'est une des
premières
remarques que l'on se fait sur la banquise ; alors que de vastes
surfaces de pack peuvent tourner sur elles-mêmes et
l'orientation
des sastrugis peut en être quelque peu perturbée.
Sir Wally Herbert souligne également le fait que les vents
ne soufflent pas toujours dans la même direction.
Avec un soleil visible et avec une montre, et pour autant que
l'on reste collé sur le même méridien,
il
est possible de se diriger vers le nord géographique. On
apprend cela chez les boy-scouts à 9-12 ans, en n'ayant
même qu'une montre ordinaire. Il est évident que,
à nos latitudes le danger de changer de méridien
sans le savoir est faible, tandis qu'aux latitudes très
élevées, le danger est bien réel. Pour
divers
degrés de latitude, le nombre de minutes correspondant
au déplacement latéral d'un nautique serait
à
82°N, 7 minutes ; à 85°N, 11' ; à
88°N,
28' et à 89°N, 57' de longitude soit pratiquement un
degré (TH, p 36, voir ci-dessous, Bibliographie). Le lecteur
non informé doit réaliser qu'au pôle
(à
90°N) on fait le tour du monde (les deux fois 180°) en
quelques secondes !
On peut que s'étonner
(un euphémisme)
du fait que Peary ait déclaré lors de son
audition
devant cette même Commission du Congrès "qu'il
considérait que faire des observations de longitude
était
une perte de temps" (TH-HN, p 260, voir ci-dessous,
Biliographie).
Heureusement pour lui, la National Geographic Society après
un examen superficiel et partisan des "preuves" fournies
par son poulain Peary, l'a consacré conquérant du
pôle ; un titre contesté par la plupart des gens
compétents. La même chose s'est produite avec le
même résultat avec un autre poulain de la Society,
l'amiral Byrd, le "premier" à avoir survolé
le pôle Nord en 1926 (titre contesté par le pilote
de Byrd lui-même ; DR,k p 257 à 272 en un chapitre
intitulé "Götterdämmerung", la damnation
des dieux).
Un schéma possible mais qui eût requis une discipline de fer, de même que des conditions d'ensoleillement favorables eut été le suivant. Partant sur un méridien connu, il eût été possible de se diriger vers le nord grâce à l'utilisation de la simple montre. Tout ce qui précède aurait été approximativement valable s'il n'y avait pas eu la dérive (à cette époque) du pack de plusieurs milles vers l'est, et, très près de la côte, vers l'ouest. Le point quotidien observé (le soleil le permettant) même par la seule méridienne aurait pu préciser et conforter les points estimés.
Soit dit en passant, le site
www.geo-orbit.org
indique "compass unusable" (boussole inutilisable) pour
la zone dans laquelle se trouvaient Cook et Peary pour leurs raids
vers le pôle et plus encore alors que le pôle
Magnétique
de l'époque se trouvait 10° plus à l'est.
Dans
une zone plus étendue comprenant les régions
jusqu'à
la baie d'Hudson et tout le nord du Groenland, le site
précise
: "compass erratic" (boussole non fiable);
données que Cook et Peary ne connaissaient apparemment
pas. Cook basait son point sur le fait que partant du
méridien
du pôle Magnétique, il convenait que sa boussole
pointe toujours vers le sud. Enfin la visée nocturne de
l'Etoile Polaire était évidemment impossible en
période de jour permanent.
Le tracé du raid de Peary est très
dérangeant
de ce point de vue. Que sur un aussi long parcours, avec la
dérive
de la banquise, l'obligation de faire parfois des détours
importants (les hummocks et les chenaux d'eau libre) l'aller et
le retour se soient déroulés de
manière aussi
"rectiligne" paraît plus que surprenant.
En manière de conclusion
Peary considérait le pôle Nord comme son objectif, et de penser que quelqu'un, qui de surcroît avait été sous ses ordres, pouvait entreprendre de mener à bien une expédition sur ce qui, pour lui, était sa chasse gardée et même sa propriété privée, le mettait hors de lui.
Des ouvrages cités plus loin, on peut retirer des faits et de ses dires, l'impression que Peary était un être arrogant, cynique, totalement imbu de sa personne, et foncièrement sans scrupules. Tandis que Cook apparaissait très simple, peu intéressé financièrement, mais emporté par la passion pour son sujet : les régions polaires et leurs habitants.
Tous les deux ont
présenté des
photos prises en studio ou truquées (Cook : le sommet du
Mont McKinley). Tous les deux ont découvert une terre
inexistante
au milieu de l'Océan Arctique (Crocker pour Peary; Bradley
pour Cook). Peary a décrit un détroit inexistant.
Peary a confisqué les météorites
inuits qu'il
a ramenés du Cap York, et les a vendus ensuite pour 40.000
$ (800.000 US $ actuels environ). Cook aurait tenté de
publier un dictionnaire d'un dialecte sud-américain sous
son nom alors qu'il avait été compilé
et
rédigé par un missionnaire en Terre de Feu.
Bien entendu, tout ceci ne constitue pas de bons
témoignages
de moralité. Mais la chose qui nous préoccupe est
la question initiale : lequel des deux, s'il y en a un, a atteint
le pôle ?
L'erreur fatale de Peary est
d'avoir "bille
en tête" agressé Cook dès la
première
nouvelle de sa réussite. Les amis et partisans de l'un
et de l'autre ont, à partir de ce moment et tels des
détectives,
scruté les détails de la vie d'explorateur et de
la vie privée de Cook et de Peary. Les démarches
en vue de ternir la réputation de Cook ont pris des
tournures
de roman policier. Des témoins (faux) ont
été
achetés, etc.
Malgré la sympathie que l'on pourrait avoir pour Cook en
tant qu'être humain, on ne peut que déplorer les
inconsistances internes de ses notes et la pauvreté des
données relatives à la manière qu'il
avait
de faire le point. Ce qui ne permet pas, raisonnablement, de croire
qu'il a pu atteindre le pôle, à moins que ne soit
par hasard, ce qui paraît une illusion. Les vitesses
aberrantes
prétendument atteintes par Peary tant en 1909 que d'ailleurs
en 1906 rendent ses récits non crédibles. Surtout
que chaque fois il n'avait avec lui que des Esquimaux et Henson.
Peary n'a pas pu atteindre le pôle.
Sir Wally Herbert disait dans le même courrier : "I
could of course go on and on. But what's the point. No one will
listen if they don't want to hear, and for every single polar
traveller who really knows what he is talking about there are
always a hundred more armchair-explorers who are prepared to write
what the public wants to hear and to perpetuate the myths"
(Je pourrais continuer sans fin. Mais à quoi bon. Personne
ne va écouter si on ne veut pas entendre, et pour chaque
voyageur polaire qui sait ce dont il parle, il y aura toujours
une centaine d'explorateurs en chambre qui sont prêts
à
écrire ce que le public veut entendre et ainsi de
perpétuer
les mythes)
La matière est
tellement abondante et
les informations souvent contradictoires que la tentation à
laquelle il a fallu résister est de faire une
méta-analyse
des opinions plutôt que d'essayer de s'en faire une par
soi-même.
Pour conclure, les 10 000 ou 20 000 informations trouvées
dans les seuls ouvrages de la bibliographie sommaire ci-dessous,
mais impossibles à résumer, n'offrent pas la
certitude
que l'un -Cook- ou l'autre -Peary- (ou les deux) aurait atteint
le pôle Nord. Cette certitude paraît bien relever
de la foi. Les seuls gagnants de cette controverse ont
été
les organes de presse qui, en relatant les épisodes
interminables
de celle-ci, ont souvent jeté de l'huile sur le feu aux
seules fins de fournir matière à copie.
Sans être partisan, si on peut facilement
prouver
que Peary n'a pas atteint le pôle Nord, par contre personne
ne peut prouver que Cook l'a atteint.
(précédés de la référence abrégée)
(RB) : Bryce, Robert M., Cook &
Peary, The Polar
Controversy, Resolved. Mechanicsburg, PA: Stackpole Books, 1997.
(FC) : Cook, Frederick A., My Attainment of the
Pole. New
York: Cooper Square Press, 2001
(JG) : Goodsell, J. W., On Polar Trails. Austin,
Texas:
Eakin Publishers, 1983.
(TH) : Hall, Thomas F., Has the North Pole Been
Discovered
?. Boston: R. G. Badger, 1917.
(GH) : Hayes, Gordon J., Robert Edwin Peary.
London: Grant
Richards & Humphrey Toulmin, 1929.
(WH) : Herbert, Wally, The Noose of Laurels.
London: Hodder&
Stoughton, 1989.
(JM) : Malaurie, Jean, Ultima Thulé.
Paris: Editions
du Chêne, 2000
(FN) : Nansen, Fridtjof, Vers le pôle.
Paris: Flammarion,
(RP) : Peary, Robert E., The North Pole. New York:
Cooper
Square Press, 2001.
(DR) : Rawlins, Dennis, Peary at the North Pole:
Fact or
Fiction ? Washington-New York: Robert B. Luce,1973.
A propos de l'auteur
Jacques THEODOR : voyageur nordique, il a effectué 2650 km en traîneau à chiens avec un groupe inuit, dont 600 km sur la banquise ; également 5000 à 6000 km en ski nordique, dont le dernier degré (89-90°) vers le pôle Nord (1997).
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