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(Sarcophage d'Arles-sur-Tech, article III)
Pr. Henri BROCH
Université de Nice-Sophia Antipolis
Le
monument de Trans-en-Provence
Le "monument" de Trans-en-Provence le plus connu est
sans conteste le puits
aérien de Monsieur
Knapen et il
trouve sa place dans la présente documentation
zététique
en liaison avec le sarcophage d'Arles-sur-Tech pour lequel certaines
personnes ont cru tenir l'explication de la "production"
d'eau (à l'intérieur de la "Sainte Tombe")
en faisant appel au phénomène de condensation.
Le puits aérien de Trans-en-Provence correspondant
à
un véritable essai grandeur nature de
récupération
de l'humidité atmosphérique pour obtenir de
l'eau,
il m'a paru intéressant de rappeler quelques
données.

Photo Henri Broch. reproduction interdite
Ce puits
aérien (conçu en
1928, réalisation terminée en 1931) est
dû
à Achille Knapen, ingénieur belge,
lauréat
de la Société des Ingénieurs Civils de
France.
Bien que fort imposant (12 m de diamètre à la
base,
près de 13 m de haut, paroi de 2,5 m d'épaisseur
percée d'orifices permettant la circulation de l'air, 3000
plaques d'ardoise pour augmenter la surface de condensation),
cet édifice ne put jamais concrétiser les espoirs
de son créateur. Ce dernier espérait en effet une
production de 30 à 40 m3 (30.000 à 40.000 litres)
par jour et
le puits aérien
ne put fournir, les meilleures nuits, que... quelques litres d'eau
(5 à 10 litres).
L'essai
de Montpellier
Sans trop
s'étendre sur le sujet,
on peut citer également un autre essai de
récupération
de l'humidité atmosphérique. Conçu en
1929
par Léon Chaptal, directeur de la station de bioclimatologie
agricole de Montpellier, le récupérateur
consistait
en une pyramide de pierres calcaires d'environ 13 m3
érigée
sur une plateforme bétonnée. Ce condenseur
fonctionna
effectivement mais la quantité moyenne d'eau recueillie
par jour oscilla entre... 0,2 litre et 0,5 litre.
La
cité antique
de Théodosia et l'essai moderne
A la base (la source) de ces essais, on trouve le "fait" qui est souvent revendiqué comme la preuve de la possibilité effective de tels systèmes: la ville de Théodosia en Crimée était, quatre siècles avant notre ère, alimentée en eau par des capteurs d'humidité constitués de (13 ?) gros monticules de pierres.
En effet, à
la fin du 19ème
siècle, F. Zibold, ingénieur chargé
des travaux
d'adduction d'eau à Théodosia, avait
découvert
sur les collines environnantes de gigantesques cônes de
pierres à côté des canalisations
d'alimentation
en eau de la ville et s'était convaincu que ces pyramides
étaient des condenseurs d'humidité pouvant chacun
- selon le résultat de ses calculs - fournir quotidiennement
55 400 litres d'eau potable à la cité antique.
Ce qui n'était qu'une hypothèse (non
vérifiée
par Zibold lui-même puisque la tentative de
réplication
à échelle réelle qu'il
démarra en
1905 - deux mille tonnes de galets entassés en
cône
tronqué de 20 mètres de diamètre
à
la base, 8 mètres de diamètre au sommet et de 6
m de haut - ne donna apparemment pas les résultats
espérés)
devint vite un article de foi.
La
solution du mystère
de Théodosia
Très succinctement, que peut-on en dire ?
Pierre Descroix a montré, il y a déjà plusieurs décennies (cf. réf.), que les chiffres annoncés par Zibold pour l'alimentation en eau de Théodosia via les treize "pyramides-condenseurs" ne tenaient pas la route et que les quantités (d'eau de condensation) alléguées provoqueraient en fait pour chaque pyramide de pierres une élévation de température de... 99° C ! Ce qui, on le voit, enlève toute crédibilité au système.
Et tout
récemment, en 1993 et 1994,
deux expéditions destinées à
éclaircir
le mystère des puits aériens de
Théodosia
ont fini de lever le voile. Comme l'a rapporté Daniel
Beysens,
directeur de la mission à Féodosia
(Théodosia),
les fouilles ont montré que les canalisations (qui sont
en fait médiévales ou modernes) du
réseau
d'alimentation en eau de la ville se sont
développées
aux abords des pyramides "de façon totalement
indépendante"
et que
les fameuses pyramides-condenseurs qui cernent Théodosia sont en
réalité... des
kourganes, des tombes scythes ou grecques !
Moralité...
Si l'humidité
de l'air est certes
récupérable par des condenseurs, le produit
optimal
ou tout au moins efficace pour cela est loin de la forme des essais
de Théodosia, Trans ou Montpellier.
Et, n'en déplaise aux parapsychologues de toutes origines
amateurs de la théorie de la condensation comme source
unique d'approvisionnement en eau du sarcophage d'Arles-sur-Tech
(puisqu'ils rejettent - vade retro... - l'eau de pluie qui doit
faire - à leurs yeux - trop commun, trop simple...), cette
Sainte Tombe avec ces 0,6 m3 de volume "externe" n'est
pas près de prendre la relève comme puits
aérien
idéal et d'offrir, par la seule condensation, des "centaines
de litres par an".
Références:
- P. Descroix (1951) "La récupération
de
l'humidité atmosphérique", L'eau,
août,
p. 127-129
(Pierre Descroix précise dans son article : "Des
considérations
de rendement permettent d'affirmer que le débit théorique
maximum ne devait pas dépasser 5% du chiffre mis en avant
par Zibold, ...")
- D. Beysens avec la collaboration de A. Gioda, E. Katiouchine,
I. Milimouk, J.-P. Morel, V. Nikolayev (1996), "Les puits
de rosée, un rêve remis à flot",
La Recherche, mai.
Pour lire les autres articles sur le mystérieux sarcophage d'Arles-sur Tech :
Sarcophage d'Arles-sur Tech, article N° I : Henri BROCH, "Le mystère du sarcophage d'Arles-sur-Tech ou L'eau culte"Sarcophage d'Arles-sur Tech, article N° II : Henri BROCH, "Des allégations de parapsyphiles concernant le mystère de la sainte Tombe"
Sarcophage d'Arles-sur-Tech, article N° IV (format pdf) : Henri BROCH, "Sainte Tombe : origine de l'eau céleste confirmée"
.
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